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Mathurin Bangoura, Gouverneur et Président du Conseil de la Ville de Conakry: «Les entreprises espagnoles inscrites dans les priorités nationales guinéennes sont les bienvenues»

La Guinée c’est un pays avec un grand potentiel pour devenir une des économies majeures de la sous-région. Selon vous, quels sont les atouts et le potentiel inexploité que la République de Guinée a à offrir aux investisseurs internationaux et, notamment, espagnoles?

La Guinée est un pays immensément riche avec des ressources naturelles, minières, touristiques et halieutiques importantes. La Guinée a les deuxièmes réserves mondiales de bauxite, des gisements importants de fer et d’or mais aussi avec des besoins énormes en infrastructures (routes, ponts, édifices publics, voies ferrées…), en formation ou encore d’accès à la santé pour les populations. Ce sont des opportunités importantes pour le secteur privé et celui espagnole en particulier avec des savoir-faire en BTP, hôtellerie ou encore dans différents services. Aujourd’hui, il y a une volonté de l’État de valoriser le potentiel économique du pays au bénéfice des populations.  En plus de cette volonté, l’accompagnement des investisseurs est facilité par le cadre légal, la mobilisation des ministères techniques et de l’Agence de promotion des investissements privés (APIP)

Suite à l’expression de la volonté ferme du Ministre des Affaires étrangères espagnol, M. Alfonso Dastis, de renforcer les liens avec les pays africains, matérialisé au prochain lancement d’un nouvel Plan Afrique, les entreprises espagnoles s’intéressent de plus en plus à l’Afrique. A votre avis, quel genre d’apport les investisseurs espagnols pourraient avoir dans le développement de la République de Guinée?

Je laisserai le soin aux ministres concernés en charge des Affaires étrangères, du Plan, des Partenariats public-privé de vous fournir de larges informations sur les besoins de la Guinée en termes d’investissements étrangers. Néanmoins, pour avoir été ministre à plusieurs reprises, aujourd’hui Gouverneur et Président du Conseil de Ville de Conakry, je vous dirai simplement que la Guinée a besoin d’investissements étrangers tant les opportunités sont importantes pour la valorisation de son potentiel économique. Dans cet objectif, les entreprises espagnoles sont les bienvenues à condition, comme toutes les autres, de s’inscrire dans les priorités nationales guinéennes, de travailler pour des partenariats gagnant-gagnant, mais aussi de procéder à des transferts de techniques et de technologies par le biais notamment de la formation et du renforcement des capacités locales

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Mathurin Bangoura, à droite, Gouverneur et Président du Conseil de la Ville de Conakry.

Sous la présidence de Son Excellence le Professeur Alpha Condé le pays a fait de grands progrès au niveau de la démocratisation et de la stabilité, ce que favorise et encourage investissements étrangers. Quels sont les plans de la ville de Conakry, sous votre leadership, pour profiter au maximum de cette étape inaugurée par la présidence de Alpha Condé?

Que le pays se porte mieux, il est évident que c’est une bonne nouvelle pour toutes les institutions publiques et privées mobilisées pour son développement dont le Gouvernorat de la Ville de Conakry. De par nos compétences décentralisées, la Ville de Conakry a son programme de développement pour rendre Conakry, plus sure, plus verte et plus saine. Tout cela se passe en cohérence avec les initiatives nationales. Nous échangeons régulièrement avec les autorités nationales pour trouver de la cohérence et de la synergie d’action. Ce n’est pas toujours simple, mais le Gouvernorat œuvre au quotidien, par exemple, pour que la paix règne dans la ville et, à chaque fois que nous recevons de potentiels partenaires de la Guinée, nous les accompagnons dans les limites de nos prérogatives et moyens. 

Conakry est la capitale administrative et politique du pays. En 2018, l’agglomération, en croissance constante, compte près de 2 millions d’habitants, ce qui en fait la plus importante ville du pays. Parmi les défis à relever se trouvent, notamment, la salubrité, l’accès à l’eau et le transport. Quelles sont les principales avancées dans ces secteurs sous votre autorité ? Quelle est votre stratégie pour permettre à Conakry de rattraper le rythme global de développement urbain?

Commençons par dire que la Ville de Conakry jouit d’un statut particulier dans le cadre des lois de la décentralisation en Guinée. En tant que Gouverneur et Président du Conseil de Ville, je suis à la fois représentant de l’État et des populations, c’est à dire, en charge de veiller sur la mise en œuvre des politiques publiques nationales mais aussi de répondre aux préoccupations de proximité des populations. La ville a, dans le cadre de l’exercice de ses compétences décentralisées, des responsabilités locales et, à ce titre, développe un programme d’activités où les questions de salubrité, de transport, de sécurité de proximité, d’accès à divers services publics figurent en bonne place. 

La circulation est beaucoup plus fluide à Conakry, des espaces aménagés fleurissent, il y a un corps de garde communale fonctionnelle et diverses infrastructures publiques construites (commissariat, bâtiments administratifs…). Ces différentes actions font partie d’une stratégie globale qui commence par la définition d’un programme d’actions validé et la mobilisation des partenaires de la ville (entreprises, institutions publiques, ONG…). Nous travaillons beaucoup en partenariats publics – privés et améliorons notre système de fonctionnement pour mobiliser davantage de recettes pour faire face à nos charges en constante évolution. Nous initions aussi des initiatives, et le projet « Conakry Ville Lumière » est illustratif à cet effet avec l’illumination, l’embellissement et l’organisation de différentes activités récréatives à la fin de chaque année à Conakry. Nous accompagnons aussi l’État dans différents projets d’aménagement urbain  comme le réaménagement de la commune de Kaloum et des Îles de Loos ou, encore, de « Conakry Vision 2040 ».

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Projet « Conakry Ville Lumière ».

Conakry capitale mondiale du livre 2017, événement organisé par l’UNESCO, contribue à améliorer l’image du pays à l’international et à disséminer les activités culturelles en Guinée, permettant aussi de montrer la riche culturelle de ce pays. La visibilité est vitale pour placer sur la carte les villes et les pays et, ainsi, attirer des investisseurs et autres visiteurs. Quel est le bilan pour la ville de Conakry de cet événement international ? 

Il est vraiment très tôt pour parler de bilan de cet évènement mondial qui est annuel et en cours. Conakry capitale mondiale du livre, s’organise du 23 avril 2017 au 22 avril 2018. Des activités sont en cours avec la construction de points de lecture, la réception de multiples délégations étrangères (diplomates, hommes de lettres et de cultures, citoyens engagés…), la sortie d’ouvrages d’auteurs guinéens et d’ailleurs, et la mise en œuvre de projets portés par différentes structures associatives, notamment de jeunes. Conakry a déjà gagné car, pour la première fois, ce label est décerné à une ville francophone d’Afrique avec toutes les opportunités offertes pour parler de Conakry et de la Guinée. Je voudrais vraiment remercier tous ceux qui sont impliqués dans cette aventure, notamment le Commissariat Général, et nous donnons rendez-vous à votre journal dans quelques mois pour le bilan. Pour rappel, la prochaine ville à bénéficier du label pour 2018 est Athènes, en Grèce. 

M. Bangoura, Gouverneur aujourd’hui, vous avez été en charge de plusieurs départements ministériels (Transport, Habitat, Télécommunications). Quelles sont vos principales réussites et quels éléments vous ont-il permis de vous imposer en leader ? 

Disons que l’action publique demeure toujours très complexe tant la réussite dépend de multiples facteurs. Comme acquis, on peut citer l’interconnexion entre opérateurs de téléphonie, la réalisation de la Cité de Sans-fil, la mise en circulation du train de passagers à Conakry, la contribution à la mise en place de plusieurs structures de l’État, dont l’Agence de régulation des postes et télécommunications (ARPT), la construction du bloc administratif et l’aménagement de la cour du Ministère des Transports… Ces sont quelques unes des actions qui ont permis de marquer mon passage dans ces différents ministères. Je cois au travail bien fait et je vais toujours au contact des réalités du terrain pour m’enquérir au mieux des difficultés, pour aller vers des approches de solutions les plus innovantes possibles. 

eBiz Africa Review est un lien entre le continent africain et l’Europe qui permet de transmettre une information de première main aux investisseurs et visiteurs, particulièrement hispanophones. Quel message final voulez-vous leur adresser sur la Guinée et sur la ville de Conakry afin de les encourager à venir faire des affaires et investir ici ?

La Guinée est un pays qui a fort potentiel et qui a entrepris d’importantes réformes pour améliorer le cadre des investissements, avec la création d’un Ministère en charge des Partenariats public-privés et une Agence de promotion des investissements privés (APIP). Notre pays a besoin des IDE (investissements directs étrangères) pour valoriser ses ressources au service du développement et les entreprises espagnoles (et au-delà, hispaniques) ont toute leur place dans cette voie que la Guinée s’est tracée à travers la mise en œuvre de son Plan national de développement économique et social. C’est ce message d’espoir et d’ouverture aux investisseurs hispaniques que je lance aujourd’hui tout en réitérant la disponibilité de l’État, des collectivités locales et du secteur privé guinéen à jouer son rôle dans le développement d’opportunités en Guinée.  

Par Alejandro Dorado Nájera et Izabella Jaworska.